Peindre aujourd’hui sans renier l’Invisible.
Il y a bien des manières d’être peintre. La mienne pourrait se dire ainsi : expressionnisme spirituel. C’est un mot composé, un peu bancal peut-être, mais juste. Depuis plus de cinquante ans, je peins, dessine, explore, et depuis 2019, je crée aussi des estampes numériques — toujours dans ce même souffle.
Dans l’histoire récente de l’art, Dieu a été congédié. Les artistes modernes, souvent, ne rendent de comptes qu’à eux-mêmes. Ils déclarent leurs œuvres autonomes, autosuffisantes, auto-justifiées. L’art est devenu son propre but, son propre absolu. On s’en remet à la forme, à l’intuition, parfois à la provocation. Mais ce n’est pas ma voie.
Je peins avec, au cœur, la conviction que l’art peut encore dialoguer avec le divin, non pour le représenter de manière naïve, ni pour illustrer une doctrine, mais pour chercher — humblement, librement — à honorer un souffle, une présence, une espérance.
L’expressionnisme spirituel: mon support artistique
Je suis croyant, enraciné dans une tradition, dans une écriture. Cette fidélité n’est ni un corset ni un drapeau. C’est une source, en sol. Elle me relie à une histoire plus vaste que moi. J’ai foi que l’art peut être contemporain sans être orphelin. Qu’il peut oser la modernité sans renier l’Invisible.
Ce que je cherche, ce n’est pas un retour à une peinture d’Église, ni une esthétique du catéchisme. C’est une peinture qui ne se suffit pas à elle-même, qui reste ouverte. Une peinture qui n’oublie pas d’où elle vient — de ces siècles où l’on peignait pour dire quelque chose de l’invisible, du mystère, de la grâce.
Alors oui, l’autonomie a du bon. Elle a ouvert des formes, des matières, des gestes. Mais quand cette autonomie devient isolement, quand elle coupe l’art de toute transcendance, il me semble que quelque chose se perd. Une lumière, un souffle, une joie peut-être.
Liberté et respect de l’appel
Mon expressionnisme spirituel, c’est cela : une tentative de tenir ensemble la liberté de l’artiste et l’appel de l’Esprit. Une manière d’habiter ce temps, sans renier ce qui le dépasse.